Déjà soulevée par les formules mathématiques et récemment l'araméen du Testament des Siècles, et en attendant la césure, voici une nouvelle illustration de la problématique d'adéquation de l'e-paper aux besoins de l'édition: la ligature, que j'avais observée en lisant Les Mille et Unes Nuits de la Pleiade.
Précisions de Claude Peyriguere, des Editions Hatier, à qui je m'en ouvrais:
"Les ligatures st et ct sont bien associées aux ouvrages de la Pléiade. Elles sont liées au choix de la police Garamond. Cette police trouve ses caractéristiques en partie dans son utilisation ancienne qui reprenait le style de l'écriture manuscrite. Unicode propose des ligatures latines (FB00 à FB06) mais il y a aussi la ligature st. Curieusement il n'y a pas la ligature ct."
Plus d'informations sur Wikipedia.
4 commentaires:
Adobe Caslon Pro comporte la ligature "ct", glyphe effectivement absent d'Unicode. Les experts d'Unicode ont-ils un avis ou des règles sur l'introduction de ce type de ligatures ?
Adobe InDesign permet de l'introduire à l'aide de l'outil glyphes, ligatures conditionnelles (menu Texte).
Popchar et la palette de caractères du Mac ne savent pas afficher le glyphe, pourtant présent...
Impossible à ma connaissance de l'introduire sous MS Word (Mac, version 2004), même en copie/coller : le glyphe est résolu en c + t.
Acrobat Reader sait afficher la ligature et trouver les occurrences en recherche plein texte, bien vu!
Tous les outils de recherche des bibliothèque numériques, appuyés sur de l'OCR sauront-ils en faire autant ?
Pour le problème de récupération des ligatures, voir les spécifications des outils TET PDFlib qui annonce :
"Ligatures and other multi-character glyphs will be decomposed into a sequence of their constituent Unicode characters."
A tester sur le cas de ct!
Je ne comprends pas vraiment le point de détail soulevé ici...
Les ligatures n'existent, en règle générale, que pour un très petit nombre de caractères (du moins en "latin") et, surtout, dépendent complètement 1) de la langue et 2) de la police dans lesquelles elles s'affichent -- j'ai des polices, manuscrites mais pas seulement, avec quantité de ligatures plus ou moins artistiques.
Pour ma part, j'estime que les ligatures ct ou st n'ont pas tellement lieu d'être, particulièrement dans un caractère bâton où elles introduisent souvent une finesse pour le moins inesthétique. Les ff, fi et autres fl, les plus courantes, pourquoi pas. Mais on a pratiquement fait le tour de la question. J'ai personnellement désactivé la fonction sous inDesign suite à la question d'un client qui me demandait "et pourquoi y'a pas de point sur le i?" dans un "fi". Le client est roi.
En ce qui concerne leur affichage, étant un caractère, comme le montre très bien le caractère en plomb servant d'illustration, Acrobat devrait le gérer comme tel et, simplement, l'afficher.
En revanche, d'où sort cette idée saugrenue qu'une recherche dans le texte devrait en tenir compte? Dans inDesign, aucun problème, puisque ce n'est pour lui qu'une variation typographique remplacée à la volée. Mais une fois passé dans Acrobat, je ne vois pas pourquoi il faudrait l'identifier en caractères distincts ; et c'est un point largement contre son utilisation.
Ou alors, qu'on m'explique pourquoi on ne peut pas retrouver "oeil" dans un texte ou figure "œil", cet e-dans-l'o étant quand même la ligature par excellence, ce qu'on a vaguement tendance à oublier -- ou sinon, qu'on me le montre dans l'alphabet. Et, de fait, personne ne s'offusque à ma connaissance qu'elle soit prise comme un caractère à part entière.
Je l'oublie pas le "æ", ni le sacrément tiré par les cheveux "&" (qui s'attend, en tapant "et" dans une recherche, à le trouver?). Mais franchement, si le livre électronique lâchait les autres, les décoratives, je n'y verrais pas beaucoup d'inconvénient.
Plusieurs problématiques se superposent (coexistent ;-)) ici.
Restons en à l'alphabet latin et au français au moins pour l'instant.
La seule "ligature" utilisée pour la typographie du français contemporain qui soit discriminante d'un point de vue linguistique est "œ", qui constitue un indice (suffisant, mais pas nécessaire!) pertinent pour la prononciation du mot ("cœur" vs "coexister").
Les autres ligatures n'ont aujourd'hui en français d'autre fonction qu'esthétique ("décorative") ou, au même titre que le crénage de digrammes (typiquement le crénage "VA"), d'aide à la lisibilité.
À ce titre, on pourrait sans problème se passer de la moindre ligature pour la typographie du français, mais au détriment de quelques habitudes historiques (pas bien grave à mon sens) et d'un savoir-faire en "arts de la lisibilité", ce qui est une toute autre affaire, surtout s'il s'agit de faire un succès dans le domaine du livre électronique.
Maintenant, le choix des glyphes dérivés de l'alphabet latin ne sert pas uniquement à transcrire le français et bien peu de textes ne posent aucun problème de translittération de mots étrangers.
En tout cas, nous serions fort frustrés si nos outils numériques n'étaient pas ouverts sur les langues et cultures du monde, d'où l'intérêt d'Unicode.
Nous attendons donc de nos outils informatiques (au minimum) la possibilité de représenter tous les caractères discriminants que nous sommes susceptibles de lire et (autant que possible) de nous faciliter la lecture, ce qui peut amener à proposer l'intégration dans Unicode des variantes comme les ligatures.
Maintenant les moteurs de recherche :
si l'on admet l'opportunité d'afficher des ligatures, éventuellement difficiles ou impossibles à taper sur un clavier donné, il paraît indispensable que les moteurs de recherche gèrent correctement la résolution des ligatures et que l'on puisse aisément retrouver toutes les occurrences des termes recherchés.
Essayez par exemple de voir comment Google Book Search s'en tire avec des graphies et des ligatures usuelles aux dix-huitième siècle, comme "st" :
http://www.google.fr/books?id=02pY5fHgbdMC&pg=RA1-PA339&dq=s%27abftenir
bien pour la résolution de la ligature en deux lettres, … moins bien en ce qui concerne la distinction f/s...
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