mercredi 3 octobre 2007

Sony PRS 505 et marché de l'encre électronique

watchLe troisième produit d'une nouvelle catégorie est toujours un évènement remarquable. Ainsi chez Sony:
Le Librié, premier ereader à base d'encre électronique E Ink, offrait toutes les fonctions rêvées aujourd'hui: lecture de flux RSS ou de sorties d'un driver d'impression sur PC, PDF, dictionnaire, clavier pour la saisie de notes. Le second, le PRS 500, semble avoir été le résultat d'un focus group, par exemple le joystick (qui lit Proust avec une telle interface!), les trop nombreux boutons, l'insuffisance de batterie. Le troisième, juste annoncé, le PRS 505 corrige bien des limites du précédent, et se positionne comme un reader mature. Il est surtout accompagné de plus de contenus, et d'un accord plus large avec Borders. Mais il doit assurer la continuité avec le précédent, et surtout, il cherche à prendre de front le marché du livre, sans trop profiter des caractéristiques de ce nouveau support. Est-ce vraiment une bonne idée? Nous verrons.
Entre la première et la troisième tentative, un phénomène majeur est presque passé inaperçu: l'encre, le papier, le journal et bientôt le livre à base d'encre électronique sont devenus des réalités incontournables! A suivre de très très près...

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Voici ce que je pense : considérons la lecture sous ses différentes formes, considérons les lecteurs dans leur infinie variété, et projetons nous dans le monde impossible du numérique ; le tout sous l’exemple récent et instructif du marché de la musique, souffreteux.
Par principe (économique), l’individu va toujours vers son surcroît d’intérêt, qu’il soit financier, moral, physique.
Partant du constat que, quelle que soit la machine bientôt mise à disposition du public, la lecture via cette machine, malgré les efforts pour la rapprocher du support livre existant, sera différente de la lecture traditionnelle (dans son approche, ses mécanismes –cerveau, mémoire-, etc.), il n’est absolument pas exclu que la lecture électronique connaisse le succès. Les questions les plus intéressantes concernent d’une part l’adhésion des lecteurs traditionnels actuels, d’autre part le recrutement des nouveaux lecteurs par ce biais.
Concernant les lecteurs actuels, une réflexion pourrait conduire à penser que le support électronique, par sa capacité à mixer les médias, par sa capacité de mémoire, peut ne pas laisser leur curiosité indifférente. Précisons notre pensée, par exemple dans le cadre d’un œuvre de fiction : imaginons par exemple un livre avec des bonus : interview de l’auteur, présentation de l’auteur ou de l’œuvre, biographie, etc. Imaginons que le support autorise des connexions Internet, avec mises à jour de certaines de ces informations. Imaginons qu’une fonction lecture audio existe à tout moment. Supposons que les fonctions de dictionnaires, d’annotation soient implémentées et pratiques. Et si la lecture d’un classique autorisait de nouvelles découvertes ?
Concernant les nouveaux lecteurs, notre regard doit surtout porter sur les capacités du futur Reader ; s’agira t-il d’une machine dédiée ou multi usages ? Dans le cas d’une machine dédiée, la rupture avec le format habituel (le rectangle et l’épaisseur d’un livre), l’attitude liée son usage (lire vite, transporter facilement, échanger, etc.), seront déterminantes. La technologie de l’encre électronique sur un support enroulable pourrait livrer des prototypes très différenciants. La population concernée étant peu consommatrice de livres, le support exclusif au livre ne suffira pas à convaincre : les journaux mais surtout les revues pourraient faire office de passerelle.

Bruno Rives a dit…

Bonnes réflexions...
Concernant les oeuvres de fiction sur papier électronique, je vous invite à suivre ce que nous faisons avec Flammarion, et que nous allons présenter le 26 octobre, lors des Rencontres Tebaldo. C'est exactement ce que vous décrivez.
Nous avons aussi des projets directement avec des libraires, également, qui sont désireux d'expérimenter livres mais également prolongement de "la table".
Votre dernière phrase, "les journaux mais surtout les revues pourraient faire office de passerelle" rejoint ce que je vis avec les Echos et qui demande de connaître parfaitement l'univers du livre, ses besoins, ses usages, et ce que l'encre électronique peut lui apporter.

Vincent a dit…

Bonjour,
Il y a une utilisation du e-reader qui est rarement évoqué : l'utilisation professionnelle.
Je ne parle pas d'utilisation très spécifique comme pour de la maintenance mais simplement la lecture des centaines de pages de documents que tous cadre du tertiaire doit ingurgiter. On est nombreux à ne pas faire 10% de notre lecture nécessaire à notre "culture" en études, documents, ... parce que l'ordinateur dans un bureau surchargé par le quotidien ne s'y prête pas et parce qu'imprimer, et transporter, 500 pages n'est pas envisageable.
Je rêve d'un lecteur facile à mettre à jour, léger (pour les transports en commun), acceptant le PDF (il est simplisme de transformer des doc bureautique pas trop complexe en PDF), couleur (pour les graphes) et à la rigueur permettant les notes et commentaires. Il y à là, à mon avis , une cible importante, avide de de genre d'objets et beaucoup moins sensible au support qu'un lecteur de livre.
Qu'en pensez-vous ? Et accessoirement est-ce qu'il existe le lecteur idéal (même en noir et blanc) ?

Anonyme a dit…

Excellente analyse Bruno, c'est intéressant d'avoir l'expertise de quelqu'un qui suit les développements depuis le début de l'aventure. Maturité, c'est en effet, le mot qui vient pour cette dernière version, nous verrons avec les utilisateurs, j'espère seulement que nous pourrons découvrir cette version en France sans attendre la quatrième !

Anonyme a dit…

Comment pouvez-vous dire que le papier et l'encre électroniques sont devenues des réalités incontournables, alors que les utilisateurs réels de ces technologies sont moins d'une centaine en France ? Il serait bon pour un "expert" de sortir un peu de votre bulle et de mieux observer les usages actuels...et le manque évident de maturité du marché et des supports existants. Tant que les readers n'offriront pas au moins un écran couleur, ils n'auront aucune chance de s'attaquer sérieusement au marché du livre. Le tactile me paraît tout autant indispensable, pour que ces produits puissent proposer des services plus avancés qu'un ouvrage papier : prise de notes directement sur le texte, personnalisation intuitive de la mise en page, défilement du texte ou tournée de page au bout du doigt...
L'opération Les Echos a surtout montré qu'il était très coûteux pour des éditeurs d'adapter des ouvrages papier pour un support et un reader spécifique. L'enjeu n'est donc pas, à mon avis, de transposer des ouvrages existants sur un reader (ce que vous faites apparemment avec Flammarion), mais plutôt d'envisager de nouveaux produits interactifs et multimédias. L'éditeur doit se poser la question : qu'est-ce que je peux offrir de plus sur une édition électronique ? Quelques réponses : des musiques pour un roman, des animations pour un livre pédagogique, une grande hypertextualité (liens actifs, renvois, définitions s'affichant juste au dessus d'un mot par exemple)...

Marc-André Fournier a dit…

J'invite Editrice à jeter un oeil sur :http://www.AgoraVox.fr/article.php3?id_article=28730
Elle pourra se faire une idée de ce qu'un auteur tente de mettre en oeuvre pour une nouvelle écriture. Je suis ravi de voir quelqu'un secouer un peu le cocotier et sortir des sentiers de l'auto-satisfaction.

Bruno Rives a dit…

Chère éditrice,

100% d'accord avec vous.
J'écris "et bientôt le livre", je pense donc que ce n'est pas encore arrivé, mais bientôt, vous verrez; "réalités incontournables", car, ne parlons pas de l'affichage dont l'intérêt est acté, je rencontre de grands titres de presse du monde ces temps-ci, et ils considèrent désormais le papier électronique comme un support à regarder de près (même si ils ne savent pas encore comment l'aborder); quant aux ouvrages, nous pensons comme vous que la transposition à l'identique des formes papier, même si des lecteurs peuvent y trouver un intérêt, n'est pas très judicieuse dans cette période d'ouverture des marchés. Avec Flammarion et avec d'autres, nous expérimentons quelques unes des pistes que vous préconisez. Certaines sont intéressantes, d'autres moins, car le livre, sous sa forme électronique, doit rester au moins aussi lisible et commode qu'auparavant, tout en profitant du nouveau support. Ou alors, son contenu doit être mise en scène différemment. Délicat défi.