Edité en Corée en juillet 1377, soit 78 ans avant la Bible en 42 lignes de Gutenberg, le Jikji est le spécimen le plus ancien du monde de livre imprimé avec des caractères métalliques mobiles. Il a fallu que l'Europe attende 1501 pour que l'alchimie du livre moderne ne soit réalisée par Aldo Manuzio grâce aux nombreux "petits détails" qu'il a mis au point pour atteindre ses objectifs éditoriaux et économiques: poinçons, encres, techniques de composition, objet livre de main, typographies et ponctuations. Ces innovations réduisirent le besoin de formation et d'expérience pour comprendre un contenu auparavant lu et discuté à haute voix. Mais en 1482, rien n'était encore joué, les experts du moment préférant les versions des copistes.
Le parallèle semble être tout trouvé avec le papier électronique de nouvelle génération pour lequel l'alchimie du livre reste à inventer, avec une problématique nouvelle: faut-il conserver la matérialité de l'imprimé au nom des principes de compatibilité et d'interopérabilité, ou au contraire s'en détacher pour combiner la voix et la mélodie qui l'ont précédé, le texte et les illustrations, et les nouveaux médias? Si le Jikji devait être édité aujourd'hui, quelle forme pourrait-il bien prendre? Bon sujet de réflexion pour les acteurs de la chaîne du livre.
2 commentaires:
Je vous engage à aller voir le blog de M-A
Fournier(http://lesguidesmaf.blogspot.com/) qui ne se pose plus la question
et produit déjà ses ouvrages (des guides sur Léonard de Vinci et
Michel-Ange) dans une perspective hypermédia où texte, image et son sont
indissociables pour comprendre un génie dans son époque.
C'est très intéressant, mais je me focalise sur le papier électronique, et toute la question est de réaliser sur ce support cette alchimie du livre de 1501, apportant cette multitude d'innovations qui lui sont nécessaires. On en est aujourd'hui loin sur les dispositifs du commerce...
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