mercredi 26 novembre 2008

Du livre moderne au livre électronique

Pour réussir le délicat passage des incunables au livre moderne transportable, de 1499 à 1501, Aldo Manuzio, professeur de grec et humaniste, suit une démarche originale.
Il intègre une réflexion conjointe sur le support, les usages et les projets éditoriaux (manuel pour les étudiants qui n'en disposaient pas à cette époque, édition des classiques et des contemporains pour le plus grand nombre, contenus jamais imprimés comme les romans, journaux et contenus en hébreux ou vernaculaire italien); il invente des typographies ad hoc, la plus connue étant l'italique Aldino imitant l'écriture manuscrite, et il met au point les poinçons (l'une des clés que Gutenberg n'avait pas trouvée) pour des caractères fins et agréables à l'œil, à même de réduire la taille de l'objet; il innove dans les compositions, et, assisté d'artistes comme Mantegna, équilibre les pages et les marges; il invente la chasse des caractères d'imprimerie, l'apostrophe, le point-virgule; avec des graveurs comme Dürer, il met au point l'illustration imprimable; il crée des encres et des papiers à même de supporter l'ensemble de ces nouveautés; il masque les nerfs au dos de l'ouvrage, auparavant disgracieux et limitant le feuilletage, soigne la couverture, la rend belle grâce à des ornementations (fers Alde); il valide ses éditions par une marque d'excellence, l'ancre et le dauphin et complète de quelques "détails", comme un modèle économique à même de proposer le livre à un prix acceptable...

Pour le passage du livre moderne au livre électronique, des innovations analogues, combinées à certaines de l'iPhone ou de la Nintendo DS, doivent être trouvées, tout en suivant la devise d'Aldo Manuzio: "Hâte-toi lentement".

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui, mais comme vous savez, ce sont les Chinois qui ont inventé les caractères mobiles de l'imprimerie, redécouverte en 1455 en Allemagne...

Anonyme a dit…

Petit conseil au Steve Jobs du livre de papiel, pour respecter le look and feel du livre de Manuzio facon 21e siècle, et assurer ainsi son décollage vertical : il doit s'ouvrir sur deux pages en vis-à-vis, de 300 ppp, et elles doivent être recto couleur pour des couvertures personnalisées ! Voilà les deux conditions minimales, nécessaires pour clouer le bec aux rétros.

Bruno Rives a dit…

Mais oui, vous avez raison, un certain Pi Cheng dans les années 1040. Les Coréens, également, ont imprimé dès le 12ème siècle.
L'énigme demeure sur les sources de la re découverte en Europe. Mon avis est qu'un marchand vénitien, Jacob di Salome, passé en Chine avant Marco Polo, a fait mention de cette invention à son retour d'Asie.

Bruno Rives a dit…

Nous évaluons des encres couleur, mais il faudra se hâter lentement...